Indemnisation du préjudice de perte de chance : extension du droit de préférence de la victime face aux tiers payeurs


L’application du droit de préférence des victimes face aux tiers payeurs en cas de partage de responsabilité, issu de la loi de finances du 21 décembre 2006, a été étendue aux cas d’indemnisation de la perte de chance.

C’est par un arrêt du 24 octobre 2008 que le Conseil d’État a permis à une victime de recevoir, en complément des prestations versées par l’État, une indemnisation de son préjudice de perte de chance. Il a donc reconnu un droit de préférence à la victime par rapport à l’État qui n’a rien pu récupérer.

La victime, militaire de son état, a subi une intervention chirurgicale à la suite de laquelle elle est devenue hémiplégique du fait d’un accident vasculaire cérébral. La responsabilité pour défaut d’information a été retenue à l’encontre de l’hôpital et la Cour administratif d’appel a jugé le préjudice de la victime réparable à hauteur de 50% du fait de la perte de chance.

Sur les pertes de revenus de la victime évaluées à environ 160 000 €, l’État a versé 60 000 €. La victime subit donc une perte de revenu de 160 000 € – 60 000 € = 100 000 €. Au vu de la perte de chance évaluée à 50% le préjudice indemnisable est de 80 000 €. Comme cette somme de 80 000 € est inférieure à celle de 100 000 €, elle revient à la victime par préférence à l’État.

Au final, la victime a perçu 60 000 € de prestations + 80 000 € d’indemnité complémentaire = 140 000 € soit 60 000 € de plus que le préjudice indemnisable au titre de la perte de chance fixée à 50%.

Ainsi, dés lors que les prestations perçues par la victime sont inférieures au préjudice de perte de chance, la victime bénéficie d’un complément d’indemnité réparant le préjudice resté à sa charge, dans la limite de la dette du responsable.

Cf. RCA février 2009 « Le droit de préférence de la victime » Patrice Jourdain, professeur à l’université de Paris I.
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