Perte de chance de survie : indemnisation des ayants droit des victimes d’accidents corporels


« Perte de chance de survie » : un nouveau préjudice reconnu par les Tribunaux à l’avantage des ayants Droit des victimes décédées

Mars 2007, Janvier 2008. Deux décisions de Justice. Deux dates essentielles pour les ayants Droit des victimes décédées suite à des erreurs médicales ou des accidents de la route. Jusqu’à présent rejetée par les Tribunaux, la « perte de chance de survie » semble donc en bonne voie de faire Jurisprudence en tant que préjudice indemnisable pour les familles de victime décédées.

Le 13 mars 2007, la Cour de Cassation reconnaissait qu’une jeune fille victime d’erreur médicale et décédée à la suite d’une erreur de diagnostic devait être indemnisée au titre de « la perte de chance de n’avoir pas vécu plus longtemps ».

Elle s’appuyait sur les articles 1147 et 731 du Code civil pour décider que « toute personne victime d’un dommage, qu’elle qu’en soit la nature, a droit d’en obtenir l’indemnisation de celui qui l’a causé, et que le droit à réparation du dommage résultant de la souffrance morale de la victime éprouvée par la victime avant son décès, en raison d’une perte de chance de survie, étant né dans son patrimoine, se transmet à son décès à ses héritiers ».

En première instance, le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux, avait alloué une somme de 110 000 € aux parents de la victime, en reconnaissant ainsi « la perte de chance de survie » de leur fille de 20 ans, décédée suite à une erreur de diagnostic d’une tumeur de la peau. Sachant, cependant, que si le praticien et le centre hospitalier ont reconnu s’être trompés, ils contestent, en revanche, le rapport d’expertise et ont fait appel de la décision invoquant que « la faute commise n’a eu aucune incidence sur la durée de vie de leur patiente ».

Le 9 janvier 2008, les juges du Tribunal de Grande Instance de Brest accordaient 150 000 € pour la perte de chance de survie, à la famille d’une victime décédée, suite à une mauvaise prise en charge d’une tumeur maligne du genou. (Cf. AAVAC article du 14/01/2008)

Auparavant, les Tribunaux ne voulaient pas prendre en compte « la perte de chance de survie » dans l’indemnisation des ayants Droit d’une victime décédée.

C’est pourquoi ces nouvelles décisions représentent une avancée certaine en terme d’indemnisation de la réparation des Préjudices corporels.

Et elles devraient faire Jurisprudence, ajoutant un nouveau préjudice indemnisable aux préjudices extra-patrimoniaux de la Nomenclature des préjudices corporels des victimes indirectes, en cas de décès de la victime directe.

Ainsi, « la perte de chance de survie » ou « perte de chance de voir sa vie prolongée conformément à l’espérance de vie d’une personne de son âge » rejoindrait au chapitre des préjudices non-économiques des victimes par ricochet, le préjudice d’affection et le préjudice d’accompagnement.

Les ayants Droit des victimes décédées pourront donc désormais réclamer :

– Le préjudice d’affection – plus connu sous le nom de préjudice moral – , qui vient réparer la douleur que provoque chez les proches de la victime immédiate la perte de celle-ci ou la vue des souffrances qu’elle endure.

– Le préjudice d’accompagnement qui traduit les troubles dans les conditions d’existence d’un proche qui, dans la communauté de vie à domicile ou par la constance de visites fréquentes en milieu hospitalier, apporte à la victime le réconfort d’une présence affectueuse.

– Le préjudice « perte de chance de survie » reconnaissant qu’avec le décès de la victime, c’est bien toute son espérance de vie, toutes les années pendant lesquelles elle pouvait vivre, qui disparaissaient en une fraction de seconde.

Sans oublier, bien sûr, les préjudices économiques des victimes par ricochet, notamment frais d’obsèques et de sépulture, gains manqués ou pertes de ressources pour les ayants Droit, et la transmission aux héritiers du droit à réparation de la victime directe.
Consulter la nomenclature Dintilhac des préjudices corporels.
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